AccueilPolitiqueActualité de MauritanieAffaire de Corruption, les témoignages continuent.

Affaire de Corruption, les témoignages continuent.

Nous sommes toujours au tribunal pénal spécialisé dans la lutte anti corruption. Il est 10h00, nous sommes le lundi 8 mai et l’audience reprend.  

Après Mohamed OUld Abdel Aziz, l’ex-chef d’Etat mauritanien, c’est au tour de l’homme d’affaire Souleyman Ould Dadah d’être entendu dans le cadre du procès de l’ancien président mauritanien accusé de dilapidation des biens monétaires de l’Etat, de blanchiment d’argent et d’enrichissement illégal. Le témoignage de Souleyman Ould Dadah dans le cadre du procès de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz est particulièrement révélateur. L’homme d’affaire a fourni des informations importantes sur la construction d’une ligne de transport d’électricité de Nouakchott vers Nouadhibou et les circonstances qui ont entouré le contrat initial entre la Somelec et un consortium composé d’une société indienne et saoudienne. Un contrat qui aurait vu le jour en Avril 2016, pour tenir jusqu’en Septembre 2016 dans sa forme première.  

Selon l’homme d’affaires, le contrat initial prévoyait le financement total de la construction par le fonds saoudien de développement à hauteur de 147 millions de dollars à une condition que les matériaux utilisés dans le projet soient importés du Royaume d’Arabie saoudite. Toutefois, en raison de différends entre les Indiens et les Saoudiens, le consortium a éclaté et la Somelec a mis fin au contrat. Souleyman Ould Dadah a déclaré que la Somelec avait présenté deux avertissements à cette alliance sans rien changer, avant de résilier le contrat et de réclamer des dédommagements à hauteur de 10% du montant investi à titre d’exécution et 20% à titre d’acompte. 

L’homme d’affaire a révélé que la société indienne avait déposé une plainte devant les tribunaux mauritaniens pour arrêter le processus de gestion des garanties, et que le tribunal avait statué en sa faveur. Par la suite, en février 2017, la Somelec et la société indienne ont trouvé un nouvel accord pour un contrat qui sera entièrement financé par une banque indienne l’EXIM, ce qui a créé des soupçons chez Souleyman Ould Dadah. 

En effet, l’homme d’affaires a été exclu des affaires alors même qu’il était le représentant de la société indienne en Mauritanie. Lorsqu’il a envoyé une lettre aux bureaux de la société indienne dans la capitale Nouakchott, avec un juge d’exécution, leur rappelant leurs obligations envers lui, le Président du sénat de l’époque Mohsen Ould El Hadj, l’a contacté et lui a transmis un message qu’il dit venir du président mauritanien de l’époque Mohamed Ould Abdel Aziz: « Vous devez laisser les indiens tranquilles sinon le président va vous emprisonner sur le champ ». 

Souleyman Ould Dadah a ensuite accusé indirectement le beau-fils de l’ex-président d’avoir quelque chose à voir dans cette affaire, affirmant qu’il avait découvert que les Indiens se rendaient souvent dans la demeure d’Asma Ould Abdel Aziz et de son époux. Cette information est toutefois difficilement vérifiable, car selon les avocats des accusés, à cette époque, la demeure en question n’existait pas. 

Le témoignage de Souleyman Ould Dadah apporte de nouveaux éléments sur les circonstances entourant la construction de la ligne de transport d’électricité vers Nouadhibou et les liens possibles entre les investisseurs indiens et la famille de l’ancien président mauritanien. 

Yamina BENDAIDA

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