Ils mobilisent les meilleurs d’entre eux, courent à une « fin » que justifient tous les moyens. Un mot d’ordre général est lancé : « On se verra à Rosso », « on se verra à Legouareb ».
Là, s’arrête l’histoire, que nous croyions pourtant en marche.
Là, ils maquillent de fard la vérité.
Là, un certain apparatchik, cacique de tous les régimes, se relève de son sommeil, comme une momie de son sarcophage, pour applaudir le 9eme président mauritanien de son palmarès, lui qui écume le monde politique depuis la fin des années 50 du siècle dernier ! De sorte qu’il croit retrouver son entrain de jeunesse perdue à gueuler et à amasser de l’argent.
Là un cheikh, à la barbe de sikh, s’invite en une procession de véhicules 4×4 rutilants.
Et Naha Junior fait son cinoche, faisant étalage de ses atours, à la limite de la décence.
Et, à la face des misérables, un banquier joue à sa façon, immaculé à satiété par un perpétuel confinement.
Au lupanar de ses palinodies, danse Ould Cheikh, sous les applaudissements de « Najeh », tandis que des chimpanzés juvéniles s’évertuent à escalader l’immense arbre, si prisé des gros arrivistes.
Tout le lexique de la prostitution et de l’avilissement est autorisé, dans le langage des politiciens !
De même que le sont les mélodies faussement fredonnées par les Sainte-Nitouche, au bazar de la politique, au dépotoir de la morale !
Point de temps au temps pour faire la différence… Point encore d’espace à l’espace pour y semer ne serait-ce qu’une génération, une seule, et l’espoir, rien qu’un grain d’espoir.
Les mains, depuis toujours endolories par l’applaudissement, jamais ne saupoudreront d’un chouïa de lumière les ténèbres.
L’hétaïre parturiante ne pourrait guère donner naissance au « Mehdi tant attendu ». Qui sème des bulles de savon point ne récolte de pulpeuses siliconées.
Là, vous avez la propension à crucifier nos rêves sur le gibet de vos mensonges !
Là, vous avez coutume d’émasculer les étalons de la ville par vos promesses si tranchantes !
Là, vous avez failli à l’honneur, à la dignité, au respect. Par votre débauche, vous avez changé bien du monde, ceux qui gravitent autour de vous.
Point vous chaut que l’on crève de faim, de soif, tant vous êtes repus à satiété.
Que vous importe-t-il, du reste, que l’on tombe malade, tant que vous vous soignez à Val-de-Grâce ? Pas plus qu’il ne vous importe que l’on soit ignares, du moment que vos enfants étudient à l’étranger.
Vous êtes la cime, nous sommes le sol.
Vous êtes les océans, nous sommes les abîmes.
Ô briseurs de rêves dans la vallée nue de Rosso, nous sommes l’argile, tandis que vous êtes l’or. Nous sommes l’écume et vous êtes le corail. Nous sommes l’herbe sauvage, vous êtes les roses.
Nous sommes les moutons, vous êtes les chevaux de pure race.
Alors, montez sur nos crânes, marchez sur nos corps, passez-y vers les délices insoupçonnées de vos exécrables ambitions.
Point de larmes pour les pauvres, pas plus qu’il n’en est pour une nation que déchiquettent vos redoutables canines.
Privez-nous de notre douloureuse liberté. Empêchez-nous de geindre. Qu’avons-nous à troubler votre perpétuelle villégiature, votre rythme de vie royal, votre retraite dorée ?
Dans les lexiques de votre luxure, biffez les mots : bidonville, précarité, marginalisation, sécurité alimentaire, unité nationale, cohésion sociale, harmonie, coexistence.
Nous nous contenterons de n’être que le cordage qui vous mène au fonds du puits, ou le troupeau que conduisez à hue et à dia lors des saisons électorales, le boubou que vous tronquez pour un costume chic, pour une nouvelle passe au bazar de la politique.
Écœurant !
Mais, un jour, à Rosso, nous nous verrons !