L’armée malienne a annoncé, vendredi matin, avoir repoussé une attaque armée visant la garnison militaire « Kati », située à 15 km de la capitale, Bamako.
L’attaque, lancée par des hommes armés de l’a « Katiba du Macina », au cours de laquelle deux voitures piégées ont été utilisées, a laissé un bilan temporaire de pertes humaines : la mort d’un soldat et la blessure de 6 personnes, dont un civil, en plus de la mort de 7 assaillants et l’arrestation de 8 autres.
Les assaillants n’ont peut-être pas atteint leur objectif en s’emparant de la base militaire, mais ils ont réussi à démontrer leur capacité à frapper les forces maliennes en plein cœur.
Située dans la banlieue de Bamako, Kati est la principale base militaire du Mali et la résidence du chef du Conseil militaire de transition, le Colonel Assimi Goïta, et du ministre de la Défense, le Colonel Sadio Camara.
Après cet attentat, les analystes n’excluent plus la chute du système malien et le contrôle des groupes armés sur les articulations du pouvoir, dans un pays en état d’instabilité depuis une décennie.
Escalade de la violence
La fréquence des attaques armées visant l’armée et les civils au Mali s’est intensifiée cette semaine. En effet, 3 soldats maliens ont été tués avant-hier, jeudi, dans une série d’attaques menées par des hommes armés dans le centre et l’ouest du pays.
L’armée malienne a déclaré, dans un communiqué, que les attaques avaient été lancées jeudi matin par des hommes armés de la « Katiba du Macina », un groupe acquis à Al-Qaïda.
A Kolokani, à 120 km au nord de Bamako, des attaques simultanées ont visé un détachement de la force antiterroriste et une brigade de la Gendarmerie régionale. Bilan : deux morts et trois blessés.
D’autres attaques ont également été enregistrées dans les villes de Koro, Ségou, Pavo et Mopti, sans qu’aucun décès ne soit signalé.
« Macina »… l’influence grandissante
Récemment, la Katiba du Macina, du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, dirigée par Iyad Ag Ghali, est devenue le front le plus actif au Mali et est responsable de la plupart des attaques visant l’armée malienne, voire les forces étrangères.
Les éléments de la Katiba sont déployés dans de vastes zones de l’ouest, du centre et même du sud du pays. Ils ont une flexibilité record dans leurs mouvements, car ils se mêlent à la population locale dans ces zones et y parviennent, d’autant plus aisément que la plupart des membres de la Katiba du Macina sont de la communauté peul.
»Macina » se distingue également par son audace à mener des attaques dans les profondeurs des bases militaires de l’armée malienne, notamment celles proches de Bamako.
La Katiba utilise plusieurs moyens pour ces faire notamment les opérations suicides et le mélange d’assaillants avec les citoyens ordinaires.
Au vu de l’évolution des méthodes de combat des groupes armés et de leur large diffusion, notamment le front »Masina », d’une part, et, de l’autre, l’existence d’un conflit interne au sein de l’autorité militaire malienne entre les ailes anti- et pro-françaises, il n’est plus exclu, pour les analystes politiques, que la capitale, Bamako, tombe aux mains des jihadistes.
Surtout après le retrait de la France du pays, et les relations tendues entre le régime militaire au Mali, et ses alliés régionaux et internationaux.
La part mauritanienne de la crise
Dans le cas où l’influence des groupes armés au Mali continue de s’intensifier, et que se renforce leur contrôle sur les zones sensibles du pays, le nombre de déplacés maliens augmentera.
Dès lors, il est prévu que la Mauritanie aie la part du lion des réfugiés maliens, d’autant plus que c’est le pays qui a la plus grande frontière commune avec le Mali, et la plupart des points chauds du conflit lui sont contigu, côté ouest et centre du pays, à proximité de la frontière mauritanienne.
La Mauritanie accueille actuellement plus de 60.000 réfugiés maliens, la plupart originaires des régions du nord, qui ont été déplacés après l’intensification du conflit dans le nord au cours des dernières années.
Compte tenu de l’évolution rapide des événements au cours de la période récente au Mali, le nombre de personnes déplacées devrait augmenter, en raison de l’escalade de la violence. Une nouvelle étape se profile dans un avenir proche, ce sera un tournant décisif dans l’histoire de ce pays d’Afrique de l’Ouest, le Mali.