Dans un entretien avec le journal Taqadoumy, le peintre mauritanien Saleh Lo évoque son parcours professionnel :
« J’ai organisé mon premier vernissage en 2012 avec une société artistique Zein’Art. Auparavant, j’avais participé, en collaboration avec d’autres artistes, à des expositions. J’ai ensuite décidé d’aller au Sénégal pour y effectuer un séjour artistique. Puis, j’ai organisé trois expositions individuelles en 2012, 2013 et 2014.
Saleh a parlé de ses voyages dans d’autres régions du monde ; pour enrichir son expérience créative, à la quête du nouveau dans son domaine artistique. C’est ainsi qu’il est allé au Maroc et dans d’autres pays d’Afrique, d’Europe et d’Asie « pour poursuivre ses recherches et ses séjours artistiques, en raison de l’absence d’instituts ou d’institutions techniques spécialisées dans l’art plastique en Mauritanie ».
En ce qui concerne les sujets abordés dans ses œuvres, il dit qu’il avoir un penchant pour les questions en rapport avec les droits de l’homme, qui concernent les problèmes communautaires profonds, tels que l’esclavage, la discrimination à l’égard des femmes et les enfants de la rue, sans oublier le métissage ethnique et culturel.
L’artiste Saleh Lo n’a pas manqué de mentionner les obstacles les plus importants au développement de ses créations en Mauritanie, dans un contexte marqué par l’absence de moyens artistiques et techniques et l’absence de cadres formateurs en la matière, ainsi que l’absence d’outils essentiels comme les couleurs. Cependant, il confirme l’existence de tissu, plus abordable en comparaison à d’autres parties du monde et la disponibilité du bois.
Au sujet des soutiens reçus tout au long de son parcours, l’artiste cite sa mère, qui l’encourage à poursuivre sa passion et le soutient sur le plan matériel et moral. En revanche, il dément un quelconque soutien officiel de l’art plastique en Mauritanie, avant d’ajouter qu’il ne sait même pas où se situent les locaux du ministère de la Culture. Il ajoute : « Je connais des artistes qui travaillent dans le domaine depuis plus de vingt ans avant moi, voire davantage, cependant, je n’ai remarqué aucun soutien à leurs efforts de la part des autorités officielles, ni du ministère de la Culture en particulier ».
« Oui, je suis un artiste engagé, concerné par les problèmes et les difficultés des gens et de la société où je vis. Je crois que l’art, consiste essentiellement à écouter les gens, à mettre en évidence les dysfonctionnements sociaux. Tel est le rôle de l’artiste, telle est la finalité de l’art », affirme Saleh Lo, en réponse à la question de savoir s’il se considère comme un artiste engagé. Il souligne avoir rencontré certaines des victimes de la déportation. En général, il privilégie peindre, de manière artistique et adéquate, la souffrance des gens. Il les aborde, les écoute attentivement, pour trouver son inspiration. Des fois, il traite de sujets qui le touchent personnellement, comme le métissage ethnique. Je suis né de parents issus de deux groupes ethniques différents. Ma mère est maure et mon père foullani. D’où l’attention particulière que j’accorde à cette thématique récurrente.
Au sujet des échos de ses œuvres dans les expositions internationales, en dehors de la Mauritanie, Saleh Lo affirme que les thèmes et sujets qu’ils traitent à cette occasion peuvent varier suivant des contextes sociaux autres. Mais, il ne cache pas sa satisfaction par rapport à la réceptivité du public à l’étranger. Il ajoute : « Il se peut que certains, à l’extérieur du pays, ne se sentent pas ou peu concernés par les thèmes de mes tableaux. Cependant, ils sont sensibles, touchés à fleur de peau, du fait de quelque souvenir, de problèmes et difficultés vécus, quelque part. C’est cela même, l’essence de l’art ».
A une question sur ses relations avec la femme en tant qu’artiste, Lo répond que « la femme est représentée par un symbole comme don et source d’inspiration, dans la mesure où « la première personne à m’avoir encouragé et à avoir une influence dans ma vie, c’est ma mère. Du coup, la femme est liée à cette image de don de soi et de sacrifice. La femme et la nature sont deux éléments d’un binôme. Toutes donnent sans limites, ni l’attente de retombées matérielles ».
En ce qui concerne sa vision de l’art en général, il rétorque :
« L’art se trouve dans la simplicité et l’angle d’inspiration, d’attaque, comme par exemple, les meubles ici présents, à savoir des chaises bancs de formes artistiques, fabriqués à partir de matières recyclées ». Saleh fait appel à l’esprit de travail collectif, à travers l’exemple de la nouvelle maison de l’art, qu’il a fondée en compagnie d’une artiste et photographe mauritanienne, en vue de développer l’art mauritanien et d’initier une culture d’art plastique dans le pays, selon ses propos.
Il exprime sa tendance personnelle, dans ses œuvres artistiques de dimension surréaliste et onirique, par l’usage de supports tels que la toile (tissu) et la peinture à l’huile. C’est ainsi qu’il aime à réaliser des portraits pour certaines personnes à leur demande.
« L’art n’est pas rentable ici de façon significative, mais nous gagnons parfois et parfois nous faisons faillite. Mais ce qui compte, c’est la foi en l’art et la volonté de poursuivre, bien que la pandémie de corona ait beaucoup affecté les expositions. Toutefois, les expositions sur un espace virtuel sont devenues largement rémunérées, au même niveau que les expositions sur le terrain, en dépit de l’annulation de nombreuses activités et expositions à cause du Covid », fait remarquer Saleh.
Les principaux artistes qui l’ont influencé au monde sont l’américain d’origine haïtienne Jean-Michel Basquiat, de même que l’allemand Gerhard Richter. Les travaux d’Houssein Haidara, et ceux de l’artiste britannique inconnu Banksy, l’inspirent. Ainsi que d’autres… »