Le journal français Le Monde a publié mardi dernier, sur son site Internet, dans laquelle le Maroc est accusé d’implication dans une vaste opération d’espionnage de personnalités, notamment en Algérie. L’enquête ajoute que, selon les données consultées par le journal et l’organisation Forbidden Stories, Rabat est considérée comme l’un des plus grands utilisateurs du spyware Pegasus commercialisé par le groupe Israélien NSO.
L’enquête souligne que le Maroc a choisi plus de 6 000 numéros de téléphone en Algérie appartenant à des politiques, militaires, dirigeants des services de renseignement, hauts fonctionnaires, ainsi que des diplomates étrangers et des militants politiques, en plus de 50 000 numéros de téléphone environ sélectionnés au Maroc et dans le monde entier entre 2017 et 2019.
Certains rapports soulignent que parmi les personnalités ciblées, il y a des présidents, des chefs de gouvernements et de nombreuses organisations internationales.
Suite à la publication de ces reportages de médias, qui indiquent l’éventualité de l’implication du Maroc dans l’utilisation du programme Pegasus pour espionner les téléphones de personnalités publiques, notamment le Roi Mohammed VI, le président français Emmanuel Macon, « le Maroc a annoncé aujourd’hui avoir l’intention de recourir à la justice » pour répondre à ces accusations.
Le gouvernement a affirmé, dans une déclaration enflammée : « le Maroc, fort de ses droits et convaincu du bien-fondé de sa position, a opté pour le recours juridique et judiciaire, tant au Maroc qu’au niveau international, pour faire face à toute partie qui tenterait d’exploiter ces fausses allégations ».
Dans cette déclaration, « le gouvernement dénonce avec vigueur ce qu’il appelle la campagne médiatique continue, troublante, intense et douteuse qui fait état de l’infiltration des appareils téléphoniques de personnalités nationales et étrangères utilisant un programme informatique ».
Pour sa part, plusieurs gouvernements ont décidé d’ouvrir une enquête sur le programme d’espionnage ayant été utilisé par de nombreux gouvernements, selon les médias.
Parmi les pays ayant décidé d’ouvrir une enquête sur le sujet, il y a tout d’abord la France, où le Parquet de Paris a ouvert une enquête des chefs d’atteinte à l’intimité de la vie privée, accès frauduleux à des systèmes technologiques et association de malfaiteurs, entre autres, annonce le procureur de la République, Rémy Heitz, dans un communiqué.
Le Procureur mexicain a également annoncé avoir ordonné aux services de sécurité gouvernementaux et privés, possédant des logiciels informatiques de protéger leurs données concernées par contrat avec Pegasus.
Des journaux israéliens ont également signalé qu’Israël « mène une enquête sur l’affaire Pegasus, conduite par des représentants du ministère de l’armée, la sûreté nationale, le Mossad et d’autres parties. Afin de savoir si la société israélienne NSO a violé l’autorisation d’exportation de la défense émanant du service de contrôle des exportations de défense au ministère israélien de l’armée et si les produits de NSO ont été utilisés dans diverses violations des termes de l’autorisation.
Pour sa part, le président de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dénoncé l’utilisation du programme israélien Pegasus pour espionner des militants et des journalistes. Elle a ajouté : « Ce n’est pas encore confirmé, ça reste donc des allégations. Mais si cela est avéré, c’est inadmissible et ne peut être accepté », a-t-elle déclaré.
En Inde, les partis d’opposition ont bloqué les travaux du Parlement et exigé une enquête sur des rapports faisant état de l’utilisation par le gouvernement de Narendra Modi d’un programme d’espionnage à l’encontre de journalistes et de politiques, dont le leader de l’opposition.
Les opposants ont scandé des slogans contre le gouvernement du Premier ministre indien Narendra Modi et ont déclaré qu’ils veulent une enquête indépendante sur les plaintes d’espionnage et la démission du ministre de l’Intérieur Amit Shah.